Page:London - En pays lointain.djvu/147

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
143
À L’HOMME SUR LA PISTE

— Ce doit être un ancien ! Il s’occupe de ses chiens avant de songer à lui-même, murmura Malemute Kid à Prince, pendant qu’ils écoutaient les claquements des mâchoires et les grognements tantôt furieux, tantôt douloureux des chiens-loups. Leurs oreilles exercées devinaient que le nouveau-venu repoussait leurs propres bêtes pour donner à manger aux siennes.

Bientôt, le coup attendu résonna contre la porte, sec et confiant, et l’homme pénétra.

Ébloui par la lumière, il s’arrêta un moment sur le seuil, et tous purent le dévisager.

C’était un beau type d’homme, très pittoresque dans son accoutrement arctique de laine et de fourrures. Il avait six pieds et deux ou trois pouces de haut, les épaules carrées et la poitrine large. L’air glacial avait rendu luisant et rose son visage rasé et, avec ses longs cils et ses sourcils blancs de givre, les rabats de son énorme casquette en peau de loup négligemment relevés, on eût dit le roi des frimas, émergeant des ténèbres.

Une ceinture à grains maintenait, sur son vêtement imperméable, deux grands revolvers Colt et un couteau de chasse ; il portait, en plus de l’indispensable fouet, un fusil « sans fumée » du plus fort calibre et du dernier modèle.

Lorsqu’il s’avança, les autres purent voir, malgré la fermeté et l’élasticité de sa démarche, qu’il était terrassé par la fatigue.

Un silence embarrassant s’était produit, mais sa