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Page:London - En pays lointain.djvu/162

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LE DIEU DE SES PÈRES

l’acier, hommes indomptables, aux visages blonds, aux yeux bleus, et en qui s’incarnait la fiévreuse activité de leur race. Lancés par le hasard ou dans un but déterminé, isolés ou par petits groupes de deux ou trois, ils arrivaient, se battaient et se faisaient tuer, ou bien poursuivaient leur route pour aller on ne savait où.

Les prêtres fulminaient contre eux, les chefs rassemblaient leurs guerriers, la pierre s’entrechoquait avec l’acier, mais sans grands résultats. Comme l’eau suintant d’un vaste réservoir, les blancs s’infiltraient à travers les forêts obscures et les passes des montagnes, affrontaient les rapides dans des pirogues d’écorce, ou frayaient avec leurs mocassins la piste pour les chiens-loups. Ils appartenaient à une grande race, et nombreuses étaient leurs mères. Mais les indigènes couverts de fourrures du Northland avaient encore à l’apprendre. De même que l’aventurier anonyme combat jusqu’à son dernier souffle et meurt sous la froide lumière de l’aurore boréale, de même ses frères luttent et périssent dans les sables ardents et les jungles ténébreuses, comme ils continueront à le faire sans trêve aucune, jusqu’à ce qu’avec les temps la destinée de leur race soit accomplie.

Il était près de deux heures. À l’horizon, du côté du Nord, une lueur rose-pâle vers l’Ouest, et plus accentuée vers l’Est, indiquait la course invisible du