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Page:London - En pays lointain.djvu/169

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LE DIEU DE SES PÈRES

dernier ! Cette tribu, mon peuple à moi, est composée de gens simples qui m’ont élevé aux honneurs. Ma parole constitue leur loi, et leurs prières n’agissent que suivant mon bon vouloir, sans quoi je ne les tolérerais pas. Quand je parle pour eux, c’est pour moi-même ; nous demandons qu’on nous laisse en paix, nous n’avons que faire de votre race ; si nous vous permettions de vous asseoir à nos foyers, bientôt vos églises, vos prêtres et vos dieux suivraient — sache-le ! Je ferai renier son Dieu à tout homme blanc qui entrera dans mon village. Tu es le premier, et je te fais grâce. Aussi, vaudrait-il mieux que tu files, et sans tarder.

— Je ne suis pas responsable des méfaits commis par mes frères, répondit Hay Stockard en bourrant sa pipe d’un air pensif. Il était quelquefois aussi pondéré dans son langage que prompt dans ses actes, — mais seulement à l’occasion.

— Je connais tes semblables, répondit l’Indien, et je sais qu’ils sont nombreux. C’est toi et les tiens qui frayez la piste. Le reste suivra ensuite. Il viendra un temps où ils étendront leur puissance sur le pays. Mais je ne verrai pas cela, moi. À ce qu’on m’a dit, ils sont déjà aux sources de la Grande-Rivière, et bien loin au Sud se trouvent les Russes.

Hay Stockard leva brusquement la tête. C’était là une surprenante révélation géographique. Le Poste de la Baie d’Hudson à Fort Yukon possédait des données différentes sur le cours du fleuve,