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Page:London - En pays lointain.djvu/170

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LE DIEU DE SES PÈRES

d’après lesquelles il devait se jeter dans l’Océan Arctique.

— Alors le Yukon se déverse dans la mer de Behring ? demanda-t-il.

— Je l’ignore. Mais je sais qu’au Sud il y a des Russes, beaucoup de Russes. Peu importe, vas-y toi-même, et renseigne-toi. Tu peux retourner vers tes frères, mais tu ne remonteras pas le Koyukuk tant que les prêtres et les guerriers m’obéiront. Je te l’ordonne, moi, Baptiste Le Rouge, chef de cette tribu, et dont la parole fait loi.

— Et si je refuse de descendre chez les Russes ou de retourner vers mes frères ?

— Si tu refuses ? Eh bien, tu partiras d’un pied léger devant ton Dieu, un mauvais Dieu, le Dieu des Blancs.

Le soleil, vers le Nord, montra à l’horizon sa tache sanguinolente.

Baptiste Le Rouge se leva, inclina légèrement la tête, et revint à son camp. Tout autour de lui s’étendaient les ombres rougeâtres, et le chant des rouges-gorges se faisait entendre.

Hay Stockard tirait les dernières bouffées de sa pipe auprès du feu. Il traçait dans les caprices de la fumée et du brasier les sources inconnues du Koyukuk, la rivière étrange qui terminait là son cours arctique pour mélanger ses eaux aux flots boueux du Yukon.

Quelque part dans la région, — s’il fallait en croire les dernières paroles d’un marin naufragé qui