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EN PAYS LOINTAIN

milles d’ici, afin de tout mettre en ordre de marche, et de nous rendre compte si nous n’avons rien oublié.

Les traîneaux grinçaient sur leurs patins garnis d’acier et les chiens s’évertuaient à tirer, courbés dans les harnais où ils étaient condamnés à mourir.

Jacques Baptiste s’arrêta à côté de Sloper pour regarder une dernière fois la cabane. La fumée s’échappait en volutes mélancoliques de la cheminée de tôle. Les deux Incapables les regardèrent partir du seuil de la porte.

Sloper posa la main sur l’épaule de son camarade.

— Jacques Baptiste, as-tu jamais entendu parler des chats de Kilkenny ?

Le métis secoua la tête négativement.

— Eh bien ! mon vieux copain, les chats de Kilkenny se sont entre-dévorés jusqu’à ce qu’il ne restât de chacun d’eux ni peau, ni poils, ni le moindre miaulement. Tu entends ? Rien de rien. Or, ces deux individus ont les bras retournés. Ils n’en ficheront pas un coup, cela nous le savons. Pendant tout l’hiver, un hiver morne et interminable, ils resteront seuls. N’ai-je pas raison de les comparer aux chats de Kilkenny ?

Ce qu’il y avait du Français dans Baptiste lui fit hausser les épaules, mais l’Indien en lui resta coi. N’importe, son mouvement d’épaules était significatif et gros de prophétie.