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Page:London - En pays lointain.djvu/18

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EN PAYS LOINTAIN

Au début, tout alla bien dans la petite cabane. Les rudes plaisanteries de leurs camarades avaient inculqué à Weatherbee et Culhfert le sens des responsabilités qui leur incombaient. En somme, le travail n’écrasait pas deux hommes en pleine vigueur. L’absence de leur cruel fustigateur, ce terrible métis, avait ramené en eux une agréable réaction. Chacun d’eux s’évertua à surpasser l’autre, et ils exécutèrent leurs menues tâches avec un empressement qui eût fait écarquiller les yeux à leurs camarades s’épuisant à présent, corps et âme, sur la Longue Piste.

Tout souci avait disparu. La forêt qui les entourait sur trois côtés constituait un bûcher inépuisable. À quelques pas de leur porte, sommeillait la rivière du Porc-Épic, et d’un trou de sa robe de glace jaillissait une source bouillonnante, claire comme le cristal, bien que terriblement froide. Mais ils ne tardèrent pas à y trouver un inconvénient. Le trou s’obstinait à geler, les contraignant pendant de longues heures à rompre la glace.

Les constructeurs inconnus de la cabane avaient prolongé les poutres de côté pour servir de support à une cache sur le derrière. Là s’entassaient en vrac les provisions des deux associés, trois fois plus que suffisantes. Mais la plus grande partie était de nature à réparer les forces nerveuses et musculaires, plutôt qu’à chatouiller agréablement le palais. Il y avait du