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MÉPRIS DE FEMMES

de voyager en sa compagnie. C’était en pleine famine, alors que la vie d’un homme valait moins qu’une tasse de farine. Il l’avait jugée comme supérieure entre toutes ; et le jugement de l’Indien, qui allait droit à l’essentiel, faisait oracle ; son opinion prévalait dans tous les camps du cercle arctique.

Freda et Mrs Eppingwell avaient un merveilleux talent pour conquérir et asservir les hommes, mais chacune à sa façon.

Mrs Eppingwell, d’emblée dominatrice, régnait chez elle et à la caserne ; elle avait imposé sa loi à tous les jeunes hommes, y compris aux chefs du pouvoir judiciaire et exécutif.

Freda, souple et insinuante, conquit la ville. Et, en somme, elle avait soumis à son autorité les mêmes hommes que Mrs Eppingwell bourrait de thé et de conserves dans sa cabane de rondins au flanc de la colline.

Ces deux femmes menaient une existence nettement séparée. On peut dire qu’elles s’ignoraient complètement. Toutes deux avaient prêté l’oreille aux racontars du camp ; mais c’était simple curiosité ; elles ne cherchaient pas à en apprendre davantage.

Leur quiétude n’aurait jamais été troublée si une aventurière, en l’espèce une beauté professionnelle, n’était venue sur la première glace, en superbe attelage. Sa réputation mondiale l’avait précédée.

Cette personne au nom théâtral de Loraine Lisznayi précipita les événements. Ce fut à cause d’elle