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Page:London - En pays lointain.djvu/22

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EN PAYS LOINTAIN

cuire. Weathorbee se moqua de lui, après quoi la ridicule habitude de se débarbouiller disparut complètement de leur existence.

En voyant diminuer leur approvisionnement de sucre et autres petites douceurs, ils commencèrent à craindre de n’en avoir pas la quantité qui leur revenait à chacun, et, afin de ne point se trouver lésés, ils se mirent à s’en gaver. De cette lutte de gloutonnerie, les friandises pâtirent aussi bien que les hommes. Leur sang s’appauvrit du manque de légumes frais et du défaut d’exercice, de repoussants boutons de couleur rougeâtre leur couvrirent le corps. Cependant, ils refusèrent encore de tenir compte de cet avertissement. Bientôt leurs muscles et leurs articulations se mirent à enfler, leur chair noircit et leurs bouches, leurs gencives et leurs lèvres prirent une teinte crêmeuse. Loin de se trouver rapprochés par leurs misères, ils se bornaient à surveiller l’un sur l’autre les symptômes du scorbut qui progressait.

Ils ne prêtèrent plus la moindre attention à leur apparence physique, et par là même oublièrent la décence la plus élémentaire. Jamais plus ils ne prirent la peine de faire leurs lits, ou de renouveler au-dessous la couche de branchages de sapin, et la cabane ressembla à une véritable porcherie.

Pourtant il leur était impossible de passer leur temps sous leurs couvertures, comme ils l’eussent