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Page:London - En pays lointain.djvu/235

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L’ABNÉGATION DES FEMMES

La pression du froid extérieur forçait l’air chaud à s’élever.

Juste au-dessus du poêle, à l’endroit où le tuyau traversait la toile, on pouvait remarquer un petit cercle desséché par la chaleur ; puis ce cercle s’élargissait, humide et suintant ; enfin, le reste de la tente, pavillon et côtés, était recouvert d’un demi-pouce de cristaux de givre, secs et blancs.

— Oh ! oh ! oh !

Un jeune homme, barbu, blême et fatigué qui dormait dans ses fourrures, poussa un gémissement, attestant ainsi que le sommeil n’avait pas complètement endormi sa souffrance. Son corps, à demi sorti des couvertures, trembla et se secoua convulsivement, comme s’il avait cherché à fuir un lit d’orties

— Retournez-le ! ordonna Bettles. Il a des crampes !

Là-dessus, d’un élan sans douceur, il fut saisi, retourné, massé, agité par une demi-douzaine de camarades pleins de bonne volonté.

— Au diable la piste ! grogna-t-il d’une voix étouffée, en rejetant les couvertures et en s’asseyant. J’ai trimé pendant trois saisons, je me suis endurci par tous les moyens, et c’est pour venir échouer en pèlerin dans ce pays abandonné de Dieu, et m’apercevoir que je ne suis qu’un Athénien efféminé, dénué des qualités les plus élémentaires d’un homme.

Il se traîna jusqu’au poêle, courbé en deux, et roula une cigarette.