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Page:London - En pays lointain.djvu/234

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L’ABNÉGATION DES FEMMES

bientôt atteints d’une toux sèche et intermittente qui s’irrite surtout quand on fait frire du lard. Par la suite, à une époque indéterminée du printemps ou de l’été, on dégèle la boue pour y creuser un trou ; le cadavre d’un homme y est déposé, recouvert de mousse et abandonné avec la certitude qu’il se lèvera au Jugement Dernier, parfaitement intact et conservé par le froid.

Aux gens de peu de foi, sceptiques quant à la croyance de la réincarnation en ce jour fatidique, on ne peut conseiller, pour y mourir, aucun pays mieux approprié que le Klondike, ce qui ne signifie pas que ce coin du monde soit fort confortable !

Si la température du dehors était très basse, la chaleur dans la tente n’avait, de son côté, rien d’excessif.

Le seul objet auquel on eût pu décerner l’épithète de mobilier était le poêle, et les hommes manifestaient nettement leur prédilection pour son voisinage.

Au milieu de la tente s’étalait, à même la neige, une couche de branchages de sapins, recouverte des fourrures de couchage. Partout ailleurs, le sol piétiné était jonché d’ustensiles de cuisine et des différents objets qui encombrent un campement sous le cercle arctique.

Le feu ronflait dans le poêle tout rouge, mais à trois pieds à peine un bloc de glace se montrait avec des arêtes aussi vives et une surface aussi dépolie que lorsqu’on l’avait extrait du fond du Creek.