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EN PAYS LOINTAIN

du soleil. Weatherbee qui, lui aussi, se sentait mieux, rampa à sa suite. Ils s’accroupirent dans la neige, sous la girouette immobile, et attendirent.

La sérénité de la mort les environnait. Sous d’autres climats, lorsque la désolation s’abat sur la nature, il y existe tout de même une sorte d’espoir latent, celui d’une petite voix qui reprendra le chant interrompu. Le Nord n’offre rien de pareil.

Les deux hommes se figuraient avoir vécu des siècles dans cette paix sépulcrale. Ils ne pouvaient invoquer aucun chant du passé, ni imaginer aucun chant d’avenir. Ce calme surnaturel, ce silence paisible de l’éternité, ils l’avaient toujours connu.

Leurs yeux restaient fixés sur le Nord ; invisible, derrière eux, caché par les montagnes qui se dressaient vers le Sud, le soleil glissait vers le zénith d’un autre ciel que le leur. Seuls spectateurs de cette scène grandiose, ils regardaient la fausse aurore grandir peu à peu. Une faible flamme apparut et s’éteignit presque ; puis elle s’accrut, passant tour à tour d’un rouge jaunâtre au pourpre et au jaune safran. Elle devint si éclatante que Cuthfert se figura un instant que l’astre était derrière elle — c’eût été un miracle que le lever du soleil au Nord !

Soudain, sans avertissement ni transition, le tableau s’évanouit. Le ciel se décolora. La lumière du jour avait disparu. Leur respiration était haletante.

Mais qu’arrivait-il ?… de menues parcelles scintillantes de givre brillaient dans l’air et voici que