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Page:London - En pays lointain.djvu/48

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YAN, L'IRRÉDUCTIBLE

faut avoir l’homme. Et d’une ! C’est moi. Il faut une corde. Ça fait deux ! C’est Lawson qui la tient. La corde doit être attachée à quelque chose. Et de trois ! Promenez vos yeux sur le paysage et cherchez cette troisième chose. Hein ? Qu’est-ce que vous en pensez ?

Machinalement, tous les regards balayèrent la plaine de neige et de glace. C’était une surface uniforme, sans contrastes ni saillies, triste, désolée et désespérément monotone, puis la mer encombrée de glaces, la pente douce du rivage, avec, comme fond, des collines basses, et sur tout cela la neige étendait son manteau.

— Ni arbres, ni étais, ni cabanes, et de poteaux télégraphiques pas davantage, gémit Bill le Rouge, rien d’assez fort ni d’assez grand pour faire quitter terre aux orteils d’un homme de cinq pieds ! J’abandonne la partie ! Et il examina avec regret la portion de l’anatomie de Yan placée entre la tête et les épaules. J’abandonne, répéta-t-il tristement à Lawson. Jette ta corde. Dieu n’a jamais voulu créer cette contrée pour les nécessités de la vie, voilà un fait manifeste.

Yan se mit à ricaner triomphalement.

— Je pense que je puis aller fumer une pipe dans la tente ?

— Les faits te donnent raison, Yan, mon fils, reprit Lawson, mais tu n’es qu’une gourde, et ceci, sache-le, ne fait pas l’ombre d’un doute. C’est aux gens de mer de venir vous donner des leçons, à vous,