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Page:London - En pays lointain.djvu/61

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QUAND UN HOMME SE SOUVIENT

chagrin, il l’eût trouvé plus à sa portée, mais ses traits restaient mystérieux et Fortuné était incapable de jauger l’âme qu’ils cachaient.

— Prête-moi la main… Chose, ordonna Uri, quand ils eurent vidé leurs tasses. Il faut être paré en cas de visite.

Fortuné lui déclina son nom, puis, machinalement, se mit à l’aider.

La couchette était installée dans un angle de la cabane. Le fond de ce meuble improvisé était fait en bûches ramassées sur le rivage, recouvertes de mousse et dont les bouts dépassaient inégalement.

Uri enleva la mousse du côté de la cloison et retira trois bûches. Il les scia et en replaça les extrémités de façon que la rangée parût ininterrompue. Ensuite il fit apporter de la cache, par Fortuné, des sacs de farine qu’il aligna par terre à l’endroit où le bois manquait. Par-dessus, il plaça deux longs sacs de marin, puis étala plusieurs couches de mousse et de couvertures.

Le fugitif pourrait s’y allonger avec les fourrures de couchage bien tendues au-dessus de lui, d’un bord à l’autre de la couchette ; n’importe qui pourrait regarder et la croire inoccupée.

Les semaines qui suivirent, plusieurs perquisitions eurent lieu à Nome ; pas une cabane ou une tente n’y échappa ; toutefois, Fortuné ne fut pas dérangé dans son refuge. À dire vrai, on songeait peu à la cabane d’Uri Bram ; c’était bien le dernier