Page:London - En pays lointain.djvu/65

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
61
QUAND UN HOMME SE SOUVIENT

à quelques centaines de milles de son embouchure. Puis, vers le Sud-Ouest, ils passèrent Koyukuk, Tanana et Minook, contournèrent Fort Yukon, voyagèrent en deçà et au delà du cercle arctique et enfin reprirent la route du Sud par les plaines. Ce fut un rude trajet et Fortuné n’aurait pas compris l’insistance d’Uri à le suivre si celui-ci ne lui avait parlé d’une exploitation qu’il possédait à Eagle.

Cette ville se trouvait aux confins du territoire. Quelques milles plus loin, à Fort Cudaly, le drapeau britannique flottait sur la caserne.

Puis venaient Dawson, Pelly, les Cinq-Doigts, Bras-du-Vent, le Carrefour-du-Caribou, Linderman, le Chilcoot et enfin Dyea.

Le lendemain de leur séjour à Eagle, ils se levèrent tôt. C’était leur dernière étape, celle où ils devaient se séparer.

Fortuné se sentait le cœur léger. Il flottait dans l’air une promesse de printemps et les jours commençaient à devenir plus longs. Le chemin passait en territoire canadien. La liberté était à sa portée, le soleil était de retour et chaque journée qui s’écoulait le rapprochait du grand monde extérieur.

La terre était vaste et, une fois de plus, il pouvait envisager l’avenir avec le plus grand optimisme.

Il se mit à siffler au moment du déjeuner et fredonna des bribes de chansons joyeuses, tandis qu’Uri ramassait les ustensiles et harnachait les chiens.

Bientôt tout fut prêt et les jambes lui fourmil-