Aller au contenu

Page:London - En pays lointain.djvu/69

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
65
QUAND UN HOMME SE SOUVIENT

— Oui ! c’était John Randolph, conclut Fortuné en ricanant.

Uri fit un signe affirmatif et dit :

— Je suis heureux que tu aies compris.

— Je suis prêt, répondit Fortuné, et son visage avait repris son ancienne expression d’amertume et de lassitude.

« Allons-y, mais faisons vite ! »

Uri Bram se releva.

— Tous les jours de ma vie j’ai eu foi en Dieu. Je crois qu’Il aime la justice, qu’actuellement Il nous voit et qu’Il a choisi entre nous. Je crois qu’Il attend pour exprimer sa volonté par ma propre main. Et j’en suis tellement convaincu que nous égaliserons les chances pour lui permettre de manifester sa décision.

Le cœur de Fortuné bondit à ces paroles. Il ne savait pas grand’chose du dieu d’Uri, mais il croyait à la veine et elle le favorisait depuis la nuit où il avait détalé vers la grive, à travers la neige.

— Mais nous n’avons qu’un seul revolver, objecta-t-il.

— Nous tirerons à tour de rôle, répliqua Uri, et, en même temps, il retirait le barillet du Colt de l’autre et l’inspectait. Et les cartes décideront ! Une partie de sept.

Le sang de Fortuné s’échauffait à l’idée du jeu ; il tira les cartes de sa poche. Sûrement, la veine n’allait pas l’abandonner maintenant. Il songea que le soleil était revenu, lorsqu’il coupa pour la main, et il