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Page:London - En pays lointain.djvu/84

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OÙ BIFURQUE LA PISTE

tu es fou toi-même. Il s’agit là d’une affaire à laquelle nous devons réfléchir de sang-froid. Je ne suis pas venu dans ce pays pour m’amuser et, je te le répète, nous sommes trop faibles pour intervenir. Si les choses se passent ainsi, j’en suis navré pour elle, voilà tout. C’est une coutume de son peuple, et le hasard a voulu que nous nous trouvions ici en cette circonstance. Ces gens-là ont fait des sacrifices humains depuis des milliers d’années, ils vont recommencer aujourd’hui, et continueront à perpétuité. D’ailleurs, ils n’appartiennent pas à notre race, pas plus que la nouvelle victime. Décidément, je prends le parti de Wertz et de Hawes, et…

Mais les chiens grondaient et se rapprochaient ; Sigmund s’interrompit, prêtant l’oreille au craquement de nombreuses raquettes.

Les uns après les autres, les Indiens se présentaient gravement dans l’espace illuminé par le feu, hauts et farouches, silencieux dans leurs fourrures et leurs ombres dansaient bizarrement sur la neige.

L’un d’eux, le docteur-sorcier, s’adressa à Sipsu en syllabes gutturales.

Son visage était barbouillé de tatouages barbares, et une peau de loup, dont les crocs étincelants et le museau surmontaient sa tête, pendait sur ses épaules.

Les mineurs restaient silencieux. Sipsu se leva et remit ses raquettes.

— Adieu ! ô mon homme ! dit-elle à Hitchcock.

Mais lui, auprès de qui elle s’était assise sur le