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Page:London - En pays lointain.djvu/88

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OÙ BIFURQUE LA PISTE

mal vint le flairer et se rapprocha encore jusqu’à ce que son nez le touchât.

Alors, Hitchcock (car c’était lui) se retourna brusquement, et sa main dégantée happa la gorge raboteuse de la bête. Le chien s’abattit sous cette étreinte mortelle, et l’homme continua sa route, le laissant là sans vie, le cou tordu, sous le ciel étoilé.

C’est ainsi que Hitchcock parvint à s’approcher de la tente du chef. Il resta longtemps étendu dans la neige, prêtant l’oreille aux voix des occupants et s’efforçant de découvrir l’endroit où se trouvait Sipsu. Sans aucun doute, ils étaient nombreux dans la tente, et les rumeurs qui lui parvenaient laissaient deviner leur grande surexcitation. À la longue, pourtant, il put distinguer la voix de la jeune fille : il rampa autour de la tente, jusqu’à ce qu’il ne fût plus séparé de Sipsu que de l’épaisseur d’un cuir d’élan. Alors, creusant une sorte de tunnel dans la neige, il y glissa la tête et les épaules.

Lorsqu’il sentit l’air chaud de l’intérieur le happer au visage, il s’arrêta et attendit, les jambes et la plus grande partie du corps restant au dehors. Il ne pouvait rien voir, et n’osait se hasarder à lever la tête.

D’un côté se trouvait une balle de peaux qu’il reconnut à l’odeur ; cependant, il s’en assura avec précaution par le toucher. De l’autre côté, sa joue effleurait un vêtement en fourrure, qu’il savait recouvrir un corps. Ce devait être Sipsu. Il aurait voulu qu’elle parlât encore, mais, coûte que coûte, il fallait agir.