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Page:London - En pays lointain.djvu/89

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OÙ BIFURQUE LA PISTE

Il pouvait entendre le chef et le docteur-sorcier s’entretenir à haute voix, tandis que, dans un coin éloigné, quelque enfant affamé gémissait avant de s’endormir.

Se tournant sur le côté, Hitchcock leva prudemment la tête, écouta la respiration ; c’était celle d’une femme. Il allait risquer le coup.

Il se pressa doucement, mais fermement contre elle, et la sentit sursauter à son contact, puis attendit de nouveau, et bientôt une main tâtonnante se glissa sur sa tête et se reposa dans sa chevelure frisée. L’instant d’après, la main fit tourner son visage et ses yeux rencontrèrent le regard de Sipsu.

Elle était très calme. Changeant de posture sans ostentation, elle posa le coude très haut sur le ballot de fourrures, y appuya son corps et étendit sa parka de façon à le dissimuler complètement. Puis, feignant toujours un geste machinal, elle se pencha sur lui pour lui permettre de respirer entre son bras et sa poitrine. Elle baissa la tête et approcha son oreille des lèvres de Hitchcock.

— Dès que l’occasion se présentera, murmura-t-il, quitte la tente et pars à travers la neige dans la direction du vent, jusqu’au bouquet de sapins, à la courbe du creek. Là, tu trouveras mes chiens et mon traîneau tout équipés pour la piste. Cette nuit même, nous descendrons vers le Yukon et, comme il faudra se hâter, saisis par la toison du cou tous les chiens sur lesquels tu pourras mettre la main et emmène-les jusqu’à mon traîneau.