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Page:London - En pays lointain.djvu/9

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EN PAYS LOINTAIN

Non qu’il fût de caractère romanesque ; le carcan du commerce avait étouffé en lui toute sentimentalité ; il était simplement dégoûté de cette éternelle routine et préférait courir de grands risques, dans l’espoir d’énormes bénéfices.

Comme pas mal d’autres imbéciles, dédaignant les pistes battues par les pionniers du Northland depuis une vingtaine d’années, il fila au printemps sur Edmonton et là, courant pour ainsi dire au devant du malheur, il se joignit à un groupe de chercheurs d’or.

À part leurs plans, ces hommes n’avaient rien d’extraordinaire, et leur objectif, pareil à celui de tous les autres, était le Klondike ; mais le chemin par lequel ils comptaient y parvenir suffoquait d’étonnement les indigènes les plus endurcis, nés et élevés pour les vicissitudes du Nord-Ouest.

Jacques Baptiste lui-même — fils d’une Chippewa et d’un courrier déserteur, qui avait poussé ses premiers vagissements dans une tente de peaux de daims au nord du soixante-cinquième degré de latitude, et avait sucé pour toutes friandises des morceaux de graisse crue — n’en revenait pas.

Bien qu’il eût accepté de leur louer ses services pour les conduire, s’il le fallait, jusqu’aux glaces éternelles, il secouait la tête d’un air sombre lorsqu’on lui demandait son avis.

La mauvaise étoile d’un certain Percy Cuthfert devait suivre une course ascendante car, lui aussi, se joignit à cette compagnie d’argonautes. C’était un