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L’APPEL DE LA FORÊT

commencer pour la cinquième fois la route de Dawson, sentait le cœur lui manquer ; les nouvelles bêtes étaient timides et épeurées, les anciennes n’éprouvaient aucune confiance envers leurs maîtres. En effet, ceux-ci ignoraient tout de leur métier ; à mesure que les jours s’écoulaient, on put s’assurer qu’ils n’en apprendraient rien. Négligents et désordonnés, sans discipline, il leur fallait la moitié de la nuit pour établir leur camp tout de travers ; la plus grande partie de la matinée se passait ensuite à lever ce camp et à charger leur traîneau, avec si peu d’habileté qu’on devait s’arrêter sans cesse, en cours de route, pour rajuster les ballots et les cordes. Certains jours, l’on faisait à peine dix milles. D’autres fois même, on n’arrivait pas à se mettre en route. Et comme, en aucun cas, ils ne réussirent à accomplir seulement la moitié de la distance sur laquelle ils s’étaient basés pour faire des provisions, les vivres devaient fata-