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L’APPEL DE LA FORÊT

chiens ; et comme elle se sentait lasse et courbaturée, elle s’entêtait à se faire traîner sur le traîneau, ajoutant ainsi cent vingt livres au poids formidable du chargement.

Lorsque les malheureuses bêtes tombaient de fatigue dans les traits, Charles et Hal la conjuraient de marcher ; mais elle ne répondait que par des larmes à leurs raisonnements, prenant le ciel témoin de leur cruauté.

Un jour, l’enlevant de force du traîneau, ils la déposèrent à terre ; elle s’assit sur la neige et refusa de bouger. Ils firent mine de continuer leur route, mais force leur fut, trois milles plus loin, de décharger le traîneau pour revenir la prendre et l’y placer. Jamais ils ne renouvelèrent cette expérience.

D’ailleurs, l’excès de leur propre misère rendait ces malheureux insensibles aux souffrances de leurs bêtes. Aux Five-Fingers, la provende des chiens étant définitivement épuisée, on