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LES FATIGUES DE LA ROUTE

arctique, dépouillé de son charme imaginaire, devenait pour eux une réalité trop rude. Ils manquaient totalement de cette merveilleuse patience propre aux hommes de ces climats, qui, tout peinant dur, et en souffrant, cruellement, savent rester compatissants et doux. Mercédès cessa de plaindre les chiens pour pleurer sur elle-même, et se disputer avec son frère et son mari qui se chamaillaient toutes les fois qu’elle leur en laissait l’occasion. Chacun croyait bonnement se donner cent fois plus de peine que les autres, et ne perdait aucune occasion de se glorifier tout haut.

Mercédès, elle, avait un grief personnel : jolie, séduisante et délicate elle s’était vue toute sa vie traiter avec douceur et indulgence. Mais aujourd’hui son mari et son frère, exaspérés de sa paresse et de son incurie, se montraient rudes et grossiers envers elle. De sorte qu’absorbée par la pitié pour son propre sort, elle perdit toute compassion pour les