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LES FATIGUES DE LA ROUTE

se sentir faible et impuissant ; Teek, d’autant plus épuisé qu’il s’était moins entraîné pendant l’hiver précédent ; et enfin Buck, qui n’était plus que l’ombre de lui-même. Il gardait sa place en tête de l’attelage, mais il avait renoncé à y maintenir la discipline ; aveuglé par la fatigue, il ne se dirigeait plus qu’en se fiant à la sensation du sol sous ses pattes.

Le printemps commençait, mais ni les hommes ni les chiens ne s’en apercevaient. L’aube pointait dès trois heures du matin, et le crépuscule durait jusqu’à neuf heures du soir. La journée entière n’était qu’un rayon de soleil. Le sommeil de l’hiver avait cédé sa place au murmure printanier de la nature, frémissant de la joie de vivre. La sève montait dans les pins, tandis qu’éclataient les bourgeons du saule et du tremble, et que buissons et lianes se paraient d’une jeune verdure. La nuit, les grillons chantaient, et le jour, toutes sortes de gen-