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L’APPEL RÉSONNE

d’un animal dont la tête n’arrivait pas à la hauteur de ses lourds genoux. Dès cet instant Buck ne lâcha sa proie ni nuit ni jour, l’empêchant de dormir, de boire ou de brouter l’herbe et les jeunes pousses de saule et de bouleau. Dans son désespoir, l’élan piquait des galops furieux et sans but ; Buck le suivait d’une allure facile, se couchant quand sa victime s’arrêtait, mais l’attaquant dès qu’elle faisait mine de manger ou de boire.

La lourde tête s’abaissait de plus en plus sous ses bois énormes, et le trot traînant se ralentissait ; pendant de longs moments, l’animal demeurait immobile, le nez baissé vers la terre, les oreilles pendantes et molles ; l’implacable chasseur pouvait alors se reposer et boire lui-même.

Et dans ces instants de répit, quand Buck demeurait couché, haletant, sa langue rouge allongée sur ses dents blanches, il lui semblait pressentir un