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L’APPEL DE LA FORÊT

changement subtil dans la contrée. On eût dit que des êtres nouveaux y avaient pénétré, en même temps que les élans descendaient des hauteurs : la forêt, l’onde et l’air décelaient leur présence qu’un sens mystérieux lui révélait ; et il résolut, sa chasse terminée, d’approfondir cette étrange et attirante énigme.

Le soir du quatrième jour de chasse, il terrassa enfin le grand élan, et pendant vingt-quatre heures il demeura près de sa proie, mangeant et dormant tour à tour. Puis, reposé, rafraîchi, et vigoureux, il reprit le chemin du camp de Thornton. Il allait d’un long galop aisé qui durait des heures entières, sans jamais se tromper, se dirigeant avec une sûreté humiliante pour l’homme et son aiguille magnétique.

Tout en marchant, ce changement pressenti s’affirmait à lui de plus en plus. Il y avait dans le pays une présence nouvelle ; et cette conviction ne venait plus seulement de son instinct