Page:London - La Peste écarlate, trad. Postif et Gruyer, 1924.djvu/36

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et à entreprendre un grand discours, tant sur le manque de respect des enfants actuels que sur le triste sort de l’humanité, retournée à la barbarie des premiers âges du monde.

— Vas-y, grand-père… insinua Hou-Hou, d’un ton conciliant.

Le vieux se décida.

— En ce temps-là, dit-il, le monde était très peuplé. Rien qu’à San Francisco, on comptait quatre millions d’habitants…

— Un million, qu’est-ce que c’est ? interrompit Edwin.

Le vieux le regarda de côté et expliqua, avec bonté :

— Tu ne sais pas compter plus loin que dix, je ne l’ignore pas. Mais je vais te faire comprendre. Lève en l’air tes deux mains. Sur les deux, tu as, en tout, dix doigts. Bon. Je ramasse maintenant ce grain de sable. Tends la main, Hou-Hou.

Il laissa tomber le grain de sable dans la paume de Hou-Hou et poursuivit :

— Ce grain de sable représente les dix doigts d’Edwin. J’y ajoute un autre grain. Voilà dix autres doigts en plus. Et j’ajoute encore un