Page:London - La Peste écarlate, trad. Postif et Gruyer, 1924.djvu/37

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troisième, un quatrième, un cinquième grain, et ainsi de suite jusqu’à dix. Cela fait dix fois dix doigts d’Edwin. C’est ce que j’appelle une centaine. Tous trois, rappelez-vous bien ce mot : une centaine. Je prends maintenant ce petit caillou et je le mets dans la main de Bec-de-Lièvre. Il représente dix grains de sable ou dix dizaines de doigts, c’est-à-dire cent doigts. Je mets dix cailloux. Ils représentent mille doigts. Je continue et prends une coquille de moule, qui représente dix cailloux, c’est-à-dire cent grains de sable ou mille doigts…

Laborieusement, de la sorte, l’ancêtre, par répétitions successives, réussit tant bien que mal à édifier dans l’esprit des jeunes garçons une conception approximative des nombres. À mesure que les chiffres montaient, il mettait dans les mains des enfants des objets différents, qui les symbolisaient. Quand il en fut aux millions, il les figura par les dents arrachées aux squelettes. Puis il multiplia les dents par des carapaces de crabes, pour exprimer les milliards. Il s’arrêta là, car ses auditeurs donnaient manifestement des signes de fatigue.