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Page:London - La plus belle pépite, paru dans Candide, 31 juillet 1940.djvu/16

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Le conducteur et le directeur du Matériel roulant – ce dernier descendait à Duran pour voir sa fiancée – furent décapités par les Spiggots et leurs têtes exposées sur des poteaux. Pendant ce temps, j’étais tapi sous cinquante centimètres de charbon dans le tender. Ils croyaient que j’avais gagné la forêt : j’y restai un jour et une nuit, le temps de laisser l’agitation se calmer. Ah ! j’ai eu de la veine ! Le pis qui m’arriva fut un rhume et un furoncle. Mais les autres tombaient comme des mouches tant de fièvre jaune et de pneumonie que des Spiggots et du chemin de fer. L’ennui, c’est que je ne pouvais me faire d’amis. Sitôt que je commençais à me lier un peu avec un de mes collègues, il mourait – à part un chauffeur du nom d’Andrews : celui-là devint fou à lier.

« Je me débrouillai dans mon boulot dès le début ; j’habitais à Quito une maison couverte d’énormes tuiles espagnoles, que j’avais louée. En outre, je n’ai jamais eu de grandes difficultés avec les Spiggots : je les laissais se balader à l’œil dans le tender ou sur le chasse-vaches. Moi, les vider ? Jamais. Une fois Jack Harris en avait expulsé un groupe. Je suivis son enterrement muy pronto…

— Parle donc anglais, adjura la petite dame.

— Sarah ne peut supporter que je m’exprime en espagnol, dit-il, en manière d’excuse. Cela lui porte sur les nerfs et je lui ai promis de m’abstenir désormais.

« Comme je le disais, tout marchait à la papa, et j’économisais mes appointements pour remonter au Nébraska et épouser Sarah, lorsque je tombai sur Vahna…

— La garce ! siffla Sarah.

— Voyons, Sarah, supplia son géant de mari, il faut bien que je parle d’elle pour en arriver à la pépite.

« Ce soir-là, je descendais une locomotive haut-le-pied à Amato, situé à cinquante kilomètres environ de Quito. Je faisais équipe avec Seth Manners. Je le formais au métier de mécanicien et lui faisais conduire la machine tandis qu’assis à sa place je rêvassais à Sarah que voici. Je venais de recevoir d’elle une lettre où, comme d’ordinaire, elle me pressait de rentrer au pays et faisait allusion aux dangers que court un célibataire comme moi lâché en liberté dans un patelin rempli de senoritas et de fandangos.