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Page:London - Le Cabaret de la dernière chance, 1974.djvu/108

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moi au coin de leur foyer. Je ne savais rien non plus des églises ni des prêtres. Et je ne me sentais pas attiré vers ce que j’ignorais. En outre, ils ne dégageaient aucun charme, encore moins de romanesque, et pas la plus petite promesse d’aventure. Ils appartenaient à la catégorie des gens sans histoire, ils vivaient et restaient cloués à la même place — créatures d’ordre et de méthode, à l’esprit étroit, borné et soumis. Ils manquaient de grandeur d’âme, d’imagination et d’esprit de camaraderie. Je reportais plutôt mon choix sur les bons garçons, au caractère facile et enjoué, intrépides et, à l’occasion, détraqués, types, en un mot, qui ont le cœur sur la main ; les autres ne m’intéressaient pas.

Voici un nouveau grief que j’ai à formuler contre John Barleycorn. C’est de ces excellentes pâtes qu’il s’empare — de ces hommes qui ont de l’estomac, de la noblesse, de la chaleur et le meilleur des faiblesses humaines. John Barleycorn éteint leur flamme, détrempe leur agilité, et quand il ne les tue pas ou ne les rend pas fous tout de suite, il en fait des êtres lourds et grossiers, en tordant et déformant leur bonté originelle et la finesse de leur nature.

Oh ! — je parle maintenant d’après l’expérience acquise par la suite — que le Ciel me garde de fa plupart des hommes ordinaires, de ceux qu’on ne peut ranger dans la série des bons garçons, ceux dont le cœur et la tête restent froids, qui ne fument, ne boivent ni ne jurent ; ils sont bons à tout sauf à montrer du courage, du ressentiment, du mordant, parce que leurs fibres débiles n’ont jamais ressenti cet aiguillon de la vie qui vous fait sortir de