Aller au contenu

Page:London - Le Cabaret de la dernière chance, 1974.djvu/116

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

les politiciens qui s’en occupaient étaient à court de porte-flambeaux, et quiconque voulait participer à la parade avait là une occasion de prendre la cuite.)

— Là-bas, on nous attend les bras ouverts, continua Joe l’Oie. Vous parlez d’une noce ! Le whisky va couler comme de l’eau. Les politiciens ont retenu d’avance toute la réserve des cabarets. Tout ça à l’œil. On n’a qu’à entrer carrément et en demander. Quelle bombe, mes amis !

À la mairie, 8e Rue, à proximité de Broadway, on nous fit endosser les blouses des pompiers et arborer leurs casques. On nous munit de torches et on nous emmena en troupeaux jusqu’au train. Pendant le trajet, nous ne faisions que grogner parce qu’on ne nous avait même pas offert un verre avant de partir. Oh ! ces politiciens avaient déjà manipulé des gens de notre espèce. À Haywards, on ne nous offrit pas davantage à boire.

— La retraite d’abord ! Gagnez votre cuite !

Tel était le mot d’ordre pour la nuit.

Après le défilé, mais pas avant, les bars ouvrirent leurs portes. Des garçons avaient été engagés en extra, et six rangées de buveurs se ruèrent devant chaque comptoir inondé d’alcool. On n’avait pas le temps d’essuyer le zinc, pas plus que de rincer les verres. On ne faisait que les remplir. Quand les matelots du port d’Oakland se mêlent a avoir soif, ça n’est pas pour rire.

Cette façon de s’entasser et de se débattre devant le bar était bien trop lente, à notre gré. La boisson nous appartenait. Les politiciens l’avaient achetée à notre intention. Nous avions défilé pour la gagner, n’est-ce pas ? Alors, nous fîmes une attaque de flanc, à l’extrémité