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Page:London - Le Cabaret de la dernière chance, 1974.djvu/133

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de rappeler tous les hommes à bord, dès le coucher du soleil.

Comment ! On voulait nous traiter en gamins ! À mesure que la nouvelle se répandit parmi les goélettes, les bateaux se vidèrent. Tout îe monde mettait pied à terre, même ceux qui n’en avaient nulle envie. Le malencontreux ukase du gouverneur eut pour résultat de précipiter une débauche générale. La nuit était très avancée déjà, et les hommes voulant à toute force trouver quelqu’un qui les oblige à rentrer à bord, défiaient partout les agents de police. Ils s’attroupèrent devant la maison du gouverneur, braillèrent des chansons de matelots, firent circuler les bouteilles carrées, se trémoussèrent en bourrées tapageuses de Virginie et autres danses du vieux pays. Les policiers, y compris les réserves, se dissimulaient par petits groupes, en attendant l’ordre que le gouverneur, trop avisé, se gardait bien de donner.

Ce fut une magnifique bacchanale. Il me semblait revivre les anciens jours du continent espagnol. Je nageais dans la licence, dans l’aventure. J’en faisais partie, moi, écumeur de mer à la vaste poitrine, avec tous les autres, parmi les maisons en papier du Japon.

Axel et moi continuâmes à déambuler de bar en bar pendant un certain temps. Je commençais à n’y plus voir clair. Au cours de nos bouffonneries, je le perdis dans la foule, et m’éloignai seul, le pas pesant. Je nouai de nouvelles connaissances, j’absorbai d’autres boissons, le cerveau de plus en plus embrumé.

Je me rappelle m’être assis quelque part dans an cercle de pêcheurs japonais, de timoniers