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Page:London - Le Cabaret de la dernière chance, 1974.djvu/136

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conduit convenablement, voir beaucoup d’autres choses intéressantes aux îles Bonin, et en profiter sainement. Mais, à mon avis, il n’est pas question de savoir ce qu’on devrait faire ou ne pas faire. Ce qui importe, c’est l’acte accompli — qui reste un fait irréfragable, éternel. Je me comportais ainsi, voilà tout, de même que tous ces hommes aux îles Bonin. J’agissais, à cette minute précise, comme des millions d’individus agissent de par le monde. Je faisais cela parce que tout m’y conduisait, parce que je n’étais qu’un gamin, ni anémié, ni ascète, victime de son entourage. Simplement humain, j’empruntais le chemin que suivaient les hommes — des hommes que j’admirais, s’il vous plaît ; des hommes de race, pleins de sang, robustes, à la vaste poitrine, à l’esprit libre, et toujours prêts à faire fi de la vie lorsque se présentait une occasion d’héroïsme.

La voie restait ouverte, béante comme un puits dans une cour où s’ébattent des enfants. Il ne sert pas à grand-chose de commander aux braves petits garçons, qui avancent péniblement dans l’apprentissage de la vie, de ne point jouer à proximité du puits découvert. Ils s’en approcheront. Tous les parents le savent. Nous n’ignorons pas qu’une certaine proportion d’entre eux, les plus vivants et les plus hardis, tomberont dans le puits. La seule chose à faire — qui en doute ? — est de couvrir l’orifice de l’abîme.

On peut en dire autant de John Barleycorn. Toutes les défenses et tous les sermons du monde n’éloigneront pas de lui les hommes et les jeunes gens tant qu’il sera partout accessible et considéré