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Page:London - Le Cabaret de la dernière chance, 1974.djvu/144

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les appelions ; elles prenaient des proportions déconcertantes

Nous épargnions jusqu’aux allumettes. Nous attendions que deux ou trois camarades soient prêts à allumer leurs pipes pour nous servir du même feu.

Au moment où apparut la côte de San Francisco, dès que la visite sanitaire fut terminée, les requins de pensions de famille, sur leurs barques, assiégèrent notre bateau. Bientôt ils fourmillèrent à bord, nous assourdirent de leurs boniments ; chacun d’eux cachait sous sa chemise une bouteille de whisky pur. Nous les éloignâmes par des gestes grandiloquents et des injures sonores. Nous en avions assez de leurs pensions, et davantage encore de leur whisky ! Ils avaient affaire maintenant à des matelots sérieux, qui savaient employer judicieusement leur argent.

Il fallut ensuite passer devant le commissaire de bord pour recevoir notre paie ; chacun émergea sur la passerelle, les poches rebondies. Autour de nous s’acharnaient les buses, les requins et les harpies.

Nous nous regardâmes. Depuis sept mois nous avions vécu ensemble, et nous allions prendre des chemins différents. Il ne restait plus qu’un dernier rite, celui des adieux entre camarades. (Oh ! c’était l’usage, la coutume !)

— Allons, les enfants ! dit notre patron.

L’inévitable bar se trouvait à proximité. Aux alentours il y en avait une douzaine d’autres. Quand nous eûmes suivi le patron dans un café de son choix, les requins grouillaient, dehors, sur le trottoir. Certains poussèrent même l’audace