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Page:London - Le Cabaret de la dernière chance, 1974.djvu/154

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tête il me faisait signe d’approcher afin de me présenter. Mais lorsque, garçons et filles, nous nous éloignions par couples, je remarquais que Louis avait invariablement choisi pour lui la plus jolie, me laissant le laideron.

Après des expériences trop nombreuses pour être contées, je fis quelques progrès, par la force des choses. Plusieurs jeunes filles consentirent enfin à sortir avec moi, le soir.

Je ne connus pas immédiatement l’amour, mais je poursuivais le jeu avec beaucoup d’intérêt et d’entrain. Jamais, à ce moment-là, la pensée de boire n’effleura mon cerveau. Certaines de nos aventures, à Louis et à moi, m’ont donné par la suite sérieusement à réfléchir lorsque j’établissais des généralisations sociologiques. Toutes, cependant, débordaient d’innocente jeunesse. J’en ai du moins dégagé un fait, biologique plutôt que sociologique : « Madame la colonelle » et « Judy Ô’Grady », la servante, sont sœurs à fleur de peau.

Avant peu, je devais apprendre ce que signifie l’amour d’une femme et en connaître tout le charme délicieux, toute la splendeur et les merveilles. J’appellerai celle-là Haydée. Elle avait entre quinze et seize ans. Sa petite robe atteignait le haut de ses bottines. Nous étions assis côte à côte à une réunion de l’Armée du Salut. Elle n’était pas du tout convaincue, pas plus, d’ailleurs, que sa tante, qui se tenait auprès d’elle ; toutes deux venaient de la campagne où, à cette époque, l’Armée du Salut n’existait pas encore, et elles étaient entrées dans la salle par pure curiosité, pour y passer une demi-heure.

Louis, tout près de moi, observait la jeune