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Page:London - Le Cabaret de la dernière chance, 1974.djvu/174

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je me crevais à la tâche, sans utilité aucune. J’avilissais tout bonnement le prix de la main-d’œuvre, ajouta-t’il, et je mettais deux hommes sur le pavé.

J’étais un jeune Américain — fier, avec ça — ; aussi je ne voulus pas capituler tout de suite. Raisonnement absurde, je l’avoue. Néanmoins, je voulus continuer ce métier d’esclave pour démontrer au directeur que je ne flancherais pas. Je réclamerais mon compte, et il ne tarderait pas à regretter le brave garçon qu’il avait perdu par sa faute.

Je mis donc ce plan ridicule à exécution. Je continuai mon travail jusqu’au moment où je parvins, à six heures, à jeter la dernière pelletée du charbon de nuit. Alors, je plantai là cet apprentissage d’électricien où l’on exigeait de moi le travail de deux hommes, pour un salaire de gosse. Je rentrai chez moi, me jetai sur le lit et dormis pendant un tour d’horloge.

Heureusement j’avais su partir à temps pour que ma santé n’en souffrît pas. Il me fallut, pourtant, porter des bandelettes de cuir autour des poignets pendant une année.

Mais cette débauche de travail manuel suffit pour m’en inspirer à jamais le dégoût. Je ne voulais plus rien savoir. À la pensée de recommencer, je me révoltais. Que m’importait d’avoir une situation stable ? Au diable l’apprentissage ! Il valait cent fois mieux vagabonder et folâtrer à travers le monde, comme je l’avais fait jusqu’alors.

Je repris donc une fois de plus la route de