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Page:London - Le Cabaret de la dernière chance, 1974.djvu/21

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Le ranch italien était un établissement de célibataires. Aussi notre entrée fut-elle saluée par des cris de joie. On versa du vin rouge dans les gobelets, et la longue salle à manger fut débarrassée en partie pour le bal. Et les gars trinquèrent et dansèrent avec les filles au son de l’accordéon. Cette harmonie me semblait divine. Je n’avais rien entendu d’aussi magnifique. Même le jeune Italien qui la prodiguait se leva et se mit à danser ; il entoura de ses bras la taille de sa cavalière et joua de son instrument derrière son dos. Tout cela me paraissait merveilleux, à moi qui ne dansais pas ; assis à une table les yeux écarquillés, je m’efforçais de pénétrer cette chose stupéfiante qu’est la vie. Je n’étais qu’un petit bout d’homme et il me restait tant à apprendre.

Au bout d’un certain temps, les jeunes Irlandais se servirent du vin ; la joie et l’allégresse régnèrent. J’en vis plusieurs chanceler et s’étaler en dansant ; l’un d’eux s’en alla dormir dans un coin. Parmi les filles, certaines se plaignaient et voulaient partir, d’autres étouffaient de petits rires encourageants, prêtes à n’importe quoi.

J’avais refusé de participer à la tournée générale offerte par nos hôtes italiens. Mon expérience de la bière m’avait suffi et je n’éprouvais pas le moindre désir de renouer mes relations avec la Dive Bouteille.

Malheureusement, un jeune Italien malicieux, nommé Peter, me voyant assis à l’écart, eut la fantaisie de remplir à demi un gobelet et de me l’offrir. Il se tenait de l’autre côté de la table, en face de moi. Je repoussai le verre. Son visage se durcit et il me le présenta avec insistance. Alors