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Page:London - Le Cabaret de la dernière chance, 1974.djvu/228

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avec impatience l’heure de l’apéritif. J’acceptais toutes les invitations à dîner et, en outre, j’avais pris l’habitude d’aller presque tous les après-midi chez certains hôtes qui m’attiraient irrésistiblement. Je m’empresse d’ajouter que les charmes de la maîtresse de maison n’entraient pour rien dans la fréquence de mes visites. Mais elle offrait les meilleurs cocktails de toute cette grande ville où cependant les étrangers étaient passés maîtres dans l’art de préparer des mélanges alcoolisés. Du cercle aux hôtels en passant par les maisons privées, on ne buvait nulle part de pareils cocktails. C’étaient des chefs-d’œuvre de raffinement. Ils vous délectaient le palais en vous procurant le maximum de stimulant. Pourtant je ne désirais ses cocktails que par souci de sociabilité.

Je quittai la ville et parcourus à cheval des centaines de kilomètres de rizières et de montagnes. Pendant des mois je suivis les opérations de guerre et me retrouvai enfin en Mandchourie avec les Japonais victorieux, sans jamais me griser. À tout moment on aurait pu trouver sur le bât de mes chevaux plusieurs bouteilles de whisky que j’emportais avec moi. Jamais l’idée ne me serait venue d’en déboucher une pour moi seul. Si par hasard un blanc se présentait au campement, nous trinquions ensemble suivant la coutume invariable. C’est d’ailleurs pourquoi j’ai traîné ces bouteilles avec moi, et les ai portées au compte du journal pour lequel je travaillais.

Seulement avec le recul je peux délimiter les progrès presque imperceptibles de mon désir de boire. J’en fus averti par certains indices que je