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Page:London - Le Cabaret de la dernière chance, 1974.djvu/229

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ne sus voir, et par de menus incidents dont je ne sentis pas toute la gravité.

Tous les hivers, j’avais pour habitude de partir pour une croisière de six à huit semaines sur la baie de San Francisco. Mon solide yacht, le Spray, possédait une confortable cabine et un poêle. J’avais pour cuisinier un boy coréen, et j’invitais généralement un ami ou deux à partager avec moi les joies de ce petit voyage. Je ne manquais pas non plus d’emporter ma machine à écrire et de taper mes mille mots par jour.

Cet hiver-là, Cloudesley et Toddy m’accompagnaient, celui-ci pour la première fois. Les années précédentes, pour complaire à Cloudesley, j’avais ait monter à bord une provision de bière que nous avions bue pendant notre voyage.

Mais cette fois la situation n’était plus la même. Toddy devait ce sobriquet à l’adresse diabolique qu’il apportait à la confection des punchs. Force nous fut donc de commander le whisky, près de dix litres. Hélas, ils ne furent pas les seuls ! Cloudesley et moi prîmes goût à un certain toddy brûlant que nous ingurgitions avec délices et qui nous mettait aussitôt en folle gaieté, j’aimais tant ces boissons que je les attendais avec impatience. Nous en prenions régulièrement quatre par jour : avant le petit déjeuner, avant déjeuner, avant dîner et le soir en nous couchant. Nous n’étions jamais ivres, mais j’avoue que quatre fois par jour nous voyions la vie en rosé.

Il arriva qu’au milieu de notre croisière, Toddy fut rappelé à San Francisco pour affaires. À partir de ce moment, Cloudesley et moi chargeâmes