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Page:London - Le Cabaret de la dernière chance, 1974.djvu/278

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bataille, de lutte hâtive contre la poussière. Il y a des fidéicommis, des hypothèques, des certificats de décharge, des transferts, des jugements, des forclusions, des séquestres, des ordres de vente, des oppositions fiscales, des pétitions de mandats de gestion et des décrets de dévolution. Cette terre assoupie au soleil d’été semble un monstre indomptable, et survit à tous ces hommes qui ont gratté sa surface avant de disparaître.

Qui était ce James King of William, au nom si bizarre ? Le plus vieux colon de la Vallée de la Lune ne le connaît pas. Pourtant voilà soixante ans seulement, il prêta à Mariano G. Vallejo une somme de dix-huit mille dollars garantie par certains terrains au nombre desquels se trouvait le futur vignoble qui devait prendre le nom de Tokay. D’où venait Peter Ô’Connor, et que devint-il, lorsque pour un jour il eut inscrit son nom vulgaire dans ces bois où il n’y avait pas encore de vignes ? À sa suite apparaît Louis Csomortanyi, avec son nom de grimoire, qui revient à plusieurs pages de cette histoire durable du sol.

Puis arrivent les Américains de vieille race, assoiffés par la traversée du Désert, qui avaient franchi l’isthme à dos de mulet ou tenu tête au vent autour du cap Horn. Ils inscrivent leurs noms brefs et oubliés là où des milliers de générations d’Indiens ont été également oubliées, des noms comme Halleck, Hastings, Swett, Tait, Denman, Tracy, Grimwood, Carkon, Temple, dont on ne retrouve plus les pareils aujourd’hui dans la Vallée de la Lune.

Les noms se multiplient et fulgurent comme