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Page:London - Le Cabaret de la dernière chance, 1974.djvu/65

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Mon aptitude à boire se développa graduellement en la compagnie des pilleurs d’huîtres. Si d’un jour à l’autre je devins véritablement un fort buveur, ce fut l’effet non pas d’un penchant pour l’alcool, mais d’une conviction intellectuelle.

Plus je voyais la vie, plus j’en étais épris. Je ne puis oublier mon émotion, la première nuit que je pris part à une incursion que nous avions concertée à bord de 1’‘Annie. Il y avait là de rudes gaillards ne craignant ni dieu ni diable, des rats de quai au corps agile. Certains étaient d’anciens repris de justice, et tous, ennemis de la loi, méritaient la prison. Ils portaient des bottes et des accoutrements de matelots, et parlaient d’une voix basse et bourrue.

Un d’entre eux, le gros Georges, tenait ses revolvers passés à la ceinture, afin de bien montrer qu’il n’était pas venu là pour rire.