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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/106

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LE LOUP DES MERS

— Vous avez lu Spencer ?

— Oui, un peu… Oh ! pas à fond, bien entendu. J’ai fait de mon mieux. J’ai tiré un certain profit de ses Premiers Principes. Mais sa Biologie a dégonflé mes voiles et sa Psychologie m’a abandonné en calme plat. Assurément mon éducation de base était insuffisante pour de telles études. J’ai pourtant pêché dans son Principe de morale évolutionniste des bribes intéressantes.

Je me demandais ce qu’un tel homme avait bien pu tirer de la lecture de ce philosophe, pour qui l’altruisme était intimement lié à son idéal de vie supérieure. Il était certain que Loup Larsen avait épluché dans Spencer ce qui lui convenait et rejeté le reste.

— Bref, dis-je, vous êtes un individualiste, un matérialiste et un hédoniste ?

— Un hédoniste… Qu’est-ce que ça veut dire ?

— C’est, si vous préférez, un homme qui pratique la philosophie du plaisir. C’était le cas d’Épicure.

— Exactement.

— Et vous êtes complètement dépourvu de ce que le monde appelle le sens moral ?

— Tout juste !

— Vous êtes un homme qu’on doit toujours craindre…

— Vous y êtes !

— Tout comme on redoute un serpent, un tigre ou un requin ?

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