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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/107

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JACK LONDON

— Vous commencez à me connaître… D’autres disent comme un loup.

— Vous êtes une sorte de monstre, et qui s’en fait gloire, un Caliban qui agit par caprice et par fantaisie…

Le temps passait. L’heure du dîner approchait et le couvert n’était pas mis. Tout en discutant, j’avais hâte d’aller reprendre mon service, qui était plus terre à terre que ces spéculations philosophiques.

Thomas Mugridge, en effet, ne tarda pas à montrer dans l’écoutille son horrible bobine, à la fois défaite et furieuse, et à me lancer un regard impératif.

— Ce soir, il faudra te tirer d’affaire tout seul, cuistot ! Je suis en grande conversation avec Hump, et tu te passeras de lui !

Ce soir-là, en effet, je m’assis à la même table que Loup Larsen et que les chasseurs de phoques, honneur que je n’aurais jamais espéré.

Thomas Mugridge nous servait et ce fut lui qui fit ensuite la vaisselle. Ainsi l’avait voulu un caprice de Caliban. Caprice qui, je m’en doutais bien, me vaudrait de notables ennuis.

Et, tout en mangeant, nous continuâmes, Loup Larsen et moi, à discuter philosophie, sciences morales et religion, devant les chasseurs de phoques qui n’y comprenaient rien.

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