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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/145

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Les dernières vingt-quatre heures ont été témoins d’un déchaînement de cruauté. On dirait que, de la proue à la poupe, elle a couru et s’est répandue comme une maladie contagieuse. Je sais à peine par où commencer mon récit.

C’est l’exemple de Loup Larsen qui gangrène tous ceux que porte ce bateau. Ce n’est, de l’un à l’autre, que haines, querelles et rancunes, et les passions mauvaises s’enflamment pour un rien, comme l’herbe sèche des prairies.

Thomas Mugridge est non seulement un trouillard, mais un espion et un mouchard. C’est lui qui, pour regagner les bonnes grâces du capitaine, a dénoncé les hommes de l’avant. Il a également rapporté à Loup Larsen certains propos, particulièrement violents, émis par Johnson. Voici l’affaire.

Johnson a, paraît-il, acheté un ciré à la soute aux hardes, et il l’a trouvé de qualité nettement inférieure. Il ne s’est pas gêné, selon sa

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