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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/162

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LE LOUP DES MERS

— Et tu gagnerais ton pari. Il ne l’a pas enlevée une seule fois.

Mais Loup Larsen jugea que ces trois jours suffisaient à Thomas Mugridge pour se remettre de sa correction.

Dès le quatrième jour, il alla trouver le coq dans sa couchette et le vida, par la peau du cou, pour le renvoyer au travail.

Thomas Mugridge renifla, pleura, mais Loup Larsen fut impitoyable. Boiteux et endolori, il fut contraint d’obéir.

Loup Larsen lui déclara, en s’éloignant :

— Et tâche, à l’avenir, de ne plus nous servir de ratatouilles ! Plus de cuisine à la graisse rance ! Tâche aussi de changer quelquefois de chemise. Sinon, je te ferai faire un tour de remorque par-dessus bord… Tu sais ce que ça veut dire ?

Thomas Mugridge traversait la cuisine, d’un pas mal assuré, lorsqu’une brusque oscillation de la goélette le fit basculer.

En essayant de se redresser, il voulut saisir la galerie de fer qui courait autour du fourneau et qui, par gros temps, empêchait les casseroles de se renverser.

Mais il manqua sa prise, et sa main vint s’appliquer à plat, de tout le poids du corps, sur la surface brûlante. Il y eut un bruit de ferraille, un cri aigu de douleur et une odeur de chair grillée.

— Oh ! Dieu de Dieu, qu’est-ce qui m’arrive ? gémit le coq. (Il alla s’asseoir sur la boîte à charbon

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