Aller au contenu

Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/176

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
LE LOUP DES MERS

Je lui emboîtai le pas. Rien ne bougeait sur le bateau. Nous rencontrâmes trois hommes étendus sur le pont, et qui dormaient. C’étaient les hommes de quart, trois chasseurs de phoques.

— Regardez-moi ces fainéants ! grogna Loup Larsen. Incapables de tenir un quart de quatre heures !

Il les retourna, examina leurs visages et, contre mon attente, les laissa continuer à dormir. Puis il demanda à voix haute :

— Où est l’homme de veille ?

— Ici, capitaine… répondit, en sortant de l’ombre, Holyoak, un matelot, avec un léger tremblement dans la voix. Je venais de fermer l’œil il y a juste une minute… Je le regrette, capitaine. Cela n’arrivera plus.

— Tu n’as rien vu sur le pont ? Ni rien entendu ?

— Non, capitaine. Je…

Mais Loup Larsen s’était éloigné déjà, avec un grognement méprisant, alors que le matelot en était encore à se frotter les yeux et se félicitait, intérieurement, d’en être quitte à si bon compte.

— Silence ! m’avertit Loup Larsen, dans un murmure. (Il se pencha sur l’écoutille du poste d’avant et se prépara à descendre l’échelle.)

Je le suivis, le cœur tremblant. Qu’allait-il se passer ? Je l’ignorais, comme j’ignorais ce qui avait eu lieu. Tout ce que je savais, c’est qu’il y avait eu rixe et effusion de sang, car ce n’était évidemment pas pour s’amuser que Loup Larsen avait

177