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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/186

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LE LOUP DES MERS

— Je me demande comment il a pu s’en tirer, dit-il.

Toute son attitude indiquait le dernier degré de l’abattement et du désespoir. Sa poitrine oppressée se soulevait encore, des suites de l’effort surhumain qu’il avait fourni. Au cours de la lutte, sa chemise avait été complètement arrachée. D’une déchirure qu’il avait à la joue, le sang coulait sur sa poitrine nue et dégouttait sur le parquet.

— Il s’est échappé parce qu’il est le diable en personne ! répondit Leach, les yeux remplis de larmes de désappointement et de rage.

« Et pas un de vous, répétait-il à satiété, qui ait été fichu de me passer un couteau…

Mais les autres matelots bavardaient entre eux ; ils étaient très inquiets des conséquences de cette agression manquée, et ne prêtaient aucune attention à ce qu’il disait.

— Ce qui est certain, déclara Kelly, c’est que le capitaine est incapable de savoir ceux qui ont pris part à la bagarre, et ceux qui se sont abstenus. À moins que…

Il promena autour de lui un regard menaçant.

— … à moins qu’un mouchard ne vende la mèche !

— Pas la peine ! clama Parsons. Le capitaine n’aura qu’à nous regarder. Les blessés seront les coupables.

En réalité, Louis, resté dans sa couchette, riait sous cape ; il était le seul qui n’avait aucune meurtrissure ni blessure.

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