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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/191

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JACK LONDON

cou et, sur le reste du corps, la peau de ce Scandinave était laiteuse comme une peau de femme.

Loup Larsen leva son bras droit vers sa tête pour y tâter sa blessure, et le biceps se durcit, dans sa gaine blanche, comme un faisceau de fils d’acier. C’était ce même biceps qui avait, une fois, failli m’anéantir et que j’avais vu, si souvent, assener tant de coups.

J’étais resté bouche bée, un rouleau d’ouate antiseptique à demi déroulé dans la main, sans pouvoir détacher mes yeux de ce corps superbe, que je ne me lassais pas d’admirer. Loup Larsen s’en rendit compte.

— Dieu vous a donné un corps superbe, dis-je.

— Vous trouvez ? répondit-il. Souvent je l’ai pensé et je me suis demandé pourquoi.

— Il a eu un but…

Il m’interrompit :

— … un but utilitaire ! Dieu m’a donné ce corps puissant, pour que j’en fasse usage. Mes muscles ont été faits pour saisir, déchirer et détruire les choses hostiles qui s’interposent entre moi et la vie.

« D’autres êtres vivants ont aussi des muscles, dont ils se servent pour saisir, déchirer et détruire. Mais Dieu a voulu que je sois plus fort qu’eux… Vous pouvez tâter si vous voulez.

Je posai ma main sur son cou, je la fis glisser sur ses bras, le long de son dos et sur ses cuisses. Et Loup Larsen, avec orgueil, fit jouer sa muscu-

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