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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/196

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LE LOUP DES MERS

peu de travail, l’expérience de quelques tempêtes, et à la fin de votre croisière, vous serez parfaitement apte à commander une goélette de cabotage.

La période qui s’écoula, entre la mort de Johansen et notre arrivée dans la zone de chasse, fut la plus heureuse de mon séjour forcé sur le Fantôme. Loup Larsen me témoignait une considération fort honorable, l’équipage ne m’était pas hostile, et j’étais loin du contact irritant de Thomas Mugridge.

Je dois avouer, d’autre part, que je m’habituais de jour en jour à ma nouvelle situation et que j’étais, en somme, satisfait de moi. Pour un second improvisé, je ne m’en tirais pas mal.

J’en arrivais même à aimer le roulis et le tangage du Fantôme qui, en oscillant sur la mer des tropiques, faisait voile vers la petite île où nous devions renouveler notre provision d’eau.

Bonheur tout relatif, entendons-nous bien. Je devrais dire plutôt une misère moindre, qui s’intercalait entre l’extrême misère d’hier et celle, pis encore, de demain.

Le Fantôme — si mon sort personnel s’y était amélioré — continuait d’ailleurs à être un bateau d’enfer. Il n’y avait plus, pour les matelots, de paix ni de répit.

Loup Larsen leur faisait payer cher leur mutinerie et l’attentat dont il avait failli être victime. Matin et soir, jour et même nuit, il s’acharnait à leur rendre la vie intenable.

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