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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/200

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LE LOUP DES MERS

— C’est de la lâcheté de votre part ! m’écriai-je. Vous sentez que, physiquement et moralement, vous dominez cet homme, et vous en abusez !

— Lâcheté… C’est à voir ! riposta Loup Larsen. Votre lâcheté, à vous, est, en tout cas, pire que la mienne. Au fond de vous-même, vous êtes pour Leach contre moi. Et pourtant vous n’en laissez rien paraître. Car vous avez peur, vous voulez vivre. Votre conscience a beau protester, vous l’accommodez à votre intérêt bien entendu.

« S’il y a un enfer, vous y descendrez tout droit, pour expier cette compromission. Croyez-moi, je suis moins lâche que vous. Plus sincère en tout cas, car je reste conséquent avec mes instincts qui, comme les vôtres, valent ce qu’ils valent.

Il y avait du vrai dans ce que disait Loup Larsen et, après y avoir longuement réfléchi, je dus reconnaître qu’il avait raison. Mon devoir n’était-il pas de faire bloc contre lui, avec Leach et Johnson, et de les aider à débarrasser le monde d’un tel monstre ? Ce serait un soulagement pour l’humanité entière et la vie universelle en deviendrait plus belle.

Je ressassai cette pensée durant des nuits d’insomnie et, de plus en plus fortement, me hanta l’idée de tuer Loup Larsen. Une nuit, j’en fis part à Johnson et à Leach, quand ils étaient de quart et pendant que dormait notre ennemi.

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