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Page:London - Le Loup des mers, 1974.djvu/201

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JACK LONDON

Ils me conseillèrent la prudence et de ne pas me sacrifier inutilement pour eux.

Ils étaient au comble du désespoir. Johnson était vidé et rien, chez lui, ne réagissait plus. Leach se détruisait lui-même, en s’acharnant à une lutte où il se sentait vaincu.

Quand j’eus parlé, il me prit la main et me la serra, en une étreinte passionnée, en me disant :

— Je crois que vous êtes un type régulier, monsieur Van Weyden. Mais tenez-vous tranquille, et surtout ne dites rien. Johnson et moi, nous sommes condamnés, je ne me fais pas d’illusions. Qui sait pourtant si une occasion ne se présentera pas, où vous pourrez nous être utile ? Jusque-là, restez comme vous êtes…

Le lendemain, alors que se dessinait à l’horizon l’île Wainwright, il y eut une rencontre plus sévère encore que les précédentes entre Loup Larsen, Johnson, qu’il avait attaqué le premier, et Leach, accouru au secours de son camarade.

Quand il les eut terrassés tous deux comme d’habitude, pour la première fois il prophétisa nettement :

— Toi, Leach, tu sais aussi bien que moi qu’un de ces jours je te tuerai…

Leach répondit par un ricanement satanique.

— … Et toi, Johnson, je n’aurais même pas besoin de te régler ton compte, d’ici peu, tu seras tellement dégoûté de la vie que tu te balanceras par-dessus bord.

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